Forêt primaire et colonisation

A Rodrigues actuellement, il ne reste que très peu de la flore originelle et endémique. Pourtant des hommes travaillent à sa réimplantation.

Les filaos, les eucalyptus et surtout le dernier, le terrible et envahissant acacia nilotica, véritable fléau écologique pour cette île, ont été introduits par l’homme. Certains sont de trop gros consommateurs d’eau, mais ils ont progressivement supplanté la flore de l’avant colonisation. Des hommes et des équipes, sous l’impulsion d’un homme passionné, Richard Payendee ont commencé à replanter dans certaines zones de l’île la forêt primaire, telle que François Leguat l’a trouvée et décrite en débarquant avec ses compagnons, en 1691. Après avoir détruit cette forêt primaire pour leurs besoins, les navigateurs et les premiers colons ont importé des espèces exotiques beaucoup moins résistantes aux cyclones que les espèces endémiques. Elles n’avaient pas les défenses acquises par la végétation contre les redoutables brouteuses d’herbes et de feuilles qu’étaient les tortues de terre endémiques à Rodrigues. En 2013, un programme d’eradiquation des arbres exotiques et trop dépensier en eau est en cours, malgré certaines critiques politiques.
L’adresse suivante – de la même organisation que le parc à tortue de Rodrigues – à l’île Maurice, donne un aperçu.
Richard Payendee, qui a aussi été le représentant de la Mauritius Wild Life Foundation (MWLF) à Rodrigues, a formé de nombreux disciples. Il avait, auparavant, conduit les travaux de replantation d’espèces endémiques avec un succès qui dépasse les espérances de départ mais qui reste fragile. La forêt primaire qui avait presque totalement disparu a été reconstituée dans un parc de 30 hectares dont 10 classés en réserve naturelle. Il appartient maintenant aux hommes politiques de Rodrigues de conforter le travail effectué, en le reconnaissant à sa juste valeur et en permettant son extension dans d’autres points de l’île. Les hommes, surtout quand ils font de la politique, ont parfois la mémoire courte et peuvent rayer d’un trait de plume les efforts de plusieurs années du lent travail de la nature et des travailleurs.
première mise en ligne le samedi 3 janvier 2009.
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Mes îles : Maroni

La pirogue filait sur le grand Maroni

Et, debout, le barreur surveillait intrépide
Le flot tourbillonnant et fourbe des rapides
Autour de nous vibrait l’immense Amazonie

Comme un grand linceul vert conservant tous les bruits
La sombre canopée nous masquait l’horizon
De partout, les oiseaux stridulaient leurs chansons
Comme pour conjurer leur horreur de la nuit

Leur puissant crescendo suivait le crépuscule
Quand un long cri aigu, fulgurant et perçant
Imposa le silence total et angoissant

Faut-il donc être humain, stupide et ridicule
Pour nier que l’oiseau, comme nous, tout petit
Donne un sens à la mort et aspire à la vie.

La Bricaudière
23 octobre 2010 

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Mes îles ; Désir de voyages

(texte commencé à l’UGC Nantes, 6 nov 2007)

Le désir des embruns irisés de soleil
Fait la fête au voyage, au paradis pareil
Le souffle en mes cheveux sur mon crâne endeuillé
Siffle dans les agrès et pousse mon voilier.

Je suis seul. L’infini m’entoure et me seconde
Cerné par l’horizon qui fuit chaque seconde.
Plus rien ne vient troubler l’errance de mes jours
Ni l’orage arrivant, en grondant tout autour,
Ni la vague terrible et ses coups de boutoir
Ni l’éclair sauvage illuminant le noir.
Le danger m’accompagne à ce port qui m’appelle
Comme un havre de paix que veille une chapelle.

Mon amour qui m’attend inquiète et résignée
Est là pour m’inciter à la lutte assignée.
Je survis aux tempêtes qui m’ont pourchassé
Et ont secoué ma vie comme un mât menacé
De briser dans la vague qui détruit sans remords
Et l’espoir et la vie en apportant la mort.

Malgré tout, je sens bien en mon cœur l’émotion
Qui m’inonde et justifie toute ma passion
Malgré l’amour, un jour sans nom, j’aurai laissé
Pour partir naviguer, ma femme aimée, blessée
Impuissante et vaincue par l’appel du grand large.
Elle serait au port, reléguée à la marge.
J’irai sans but. Ni notre amour, ni notre haine
Ni nos enfants, ni notre histoire, utile ou vaine
Ne sont des liens pour m’attacher sans fin à elle

Moi, je m’en vais, Je ne sais où. La mer m’appelle.
J’ai les étoiles pour chemin. Adieu Amour.
Adieu enfants, je pars sans espoir de retour

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Mes îles : utopie

Que ce soit pour défendre une île,

minuscule au bout de l’océan,
ou bien pour un grand continent,
accepter que sonne le destin
et que s’arrête le temps,
car il n’y a rien d’autre à faire
qu’à mourir pour que soient libres nos enfants,
est la seule merveille du monde
et la plus grande des utopies.

Cela vaut-il la peine
de mettre fin au plaisir,
de vivre et de profiter du bonheur
qui passe : le meilleur ou le pire ?

Cela a-t-il un sens
de mettre fin à ce qui pourrait advenir
parce qu’on choisit de mettre en jeu
sa vie pour réagir
contre la tyrannie ?

Ne vaudrait-il pas mieux
vivre seul et peut-être oublié,
sur quelques arpents de sable et de rochers ?
à l’ombre des manguiers,
Se désaltérer du lait des cocotiers,
aveugle aux sangs innocents et versés
Et totalement sourd aux cris des peuples persécutés,
avilis, asservis ou assassinés ?

Malgré ignominies et vilenies,
Le vrai lieu du bonheur
Est toujours en nos têtes.

J’aspire à vivre en paix
avec les autres et avec moi-même.
J’aspire à faire l’amour
avec la femme que j’aime.
J’aspire à vivre vieux,
sans souci et sans haine,
ne plus me disperser en actes inutiles,
ne plus me bagarrer pour des idées blasphèmes,
mais composer, tranquille,
Ballades et poèmes.

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Mes îles : le chercheur d’or

Le suis un chercheur d’or,

malheureux, indomptable,
affrontant milles morts,
mille fins redoutables.
je scrute les recoins
les plus impénétrables,
guidé par un besoin
tyrannique insatiable.

J’ai envie, ma déesse,
Cosette misérable,
de posséder richesses
et joyaux admirables
qu’à ton cou je mettrai,
parure inestimable,
pour orner ta beauté
immense, incomparable.

Je traverse le monde,
mendiant errant, infatigable,
en cherchant à la ronde
des traces inéluctables
d’une pépite d’or,
aux finesses impalpables,
Pour recouvrir ton corps
D’un voile irréprochable.

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Mes îles : Rodrigues

De la Pointe Canon, j’ai vu Port Mathurin

La ville est là, cachée dans son écrin
de cocotiers, de multipliants et autres filaos.
Doucement tous les bruits de la ville,
montent vers moi, tranquilles,
se mêlant aux longs chants des oiseaux.

Et là-bas, tout là-bas, les brisants
où la houle profonde s’acharne en rugissant,
signent en laves écumantes les limites d’éden.
Le lagon, sous sa chape d’argent,
accueille un grand soleil brûlant.
Une pirogue à voile grecque y file sans peine.

Il est matin déjà, les pêcheuses d’ourites,
robes fleuries et retroussées, fouillent site par site,
chaque recoin des caches et des coraux bariolés.
Tout explose en lumière où dominent les bleus,
ciel et mer s’y confondent et la terre s’en émeut,
Rouges mourouks et éternels bougainvilliers.

Les sempiternels et puissants alizés,
en courbant sans relâche les sommets des palmiers,
En tous temps, en tous lieux, en plein jour ou la nuit,
Soufflent dans nos cheveux de leurs sifflets sans cesse.
Cette chanson sans fin nous poursuit et jamais ne nous laisse
Car son murmure aussi est un abasourdissant bruit.

Une jeune créole, en souriant aux cieux,
Regarde émerveillée le vol d’un paille en queue
Qui fugacement transperce l’horizon de la plaine
Et de son cri aigu défie les océans.
Déjà il est parti, mais la joie de l’enfant
Éclaire longuement son visage d’ébène.

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Mes îles : l’île sans nom

Je serai, à jamais seul,

sur une île sans nom,
dans un océan sans fond.
La mer y sera mon linceul.

Je passerai mes jours
à ne rien faire du tout,
par obligation et par goût,
de mes pensées folâtres, je suivrai les détours.

Je passerai mes nuits,
les yeux au firmament,
allongé sur le dos et comptant
les étoiles qui s’ennuient.

Je n’aurai pas de roi.
Je n’aurai pas de dieux ;
Aucun maître en ces lieux,
pas de foi, pas de loi !

Le temps sera l’espace
entre moi et l’azur.
j’éclaterai d’un rire si pur
que le ciel en gardera les traces.

Ni amour, ni passion
en ces lieux sans haine,
Pas de deuil, pas de peine,
ni rime, ni raison.

Rien que la vie et le chant des oiseaux.
Rien que le temps et le rire des étoiles.
Rien que l’espace et la mer sans voile.
Rien que Nature et l’Émile de Rousseau.

Je vivrai là mille ans d’un bonheur ineffable,
éternel embryon de ma Dame Nature,
j’aspirerai les sucs des immenses fruits matures
dont, tous les jours, elle garnira ma table.

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Mes îles : Houat

A Houat, on marche à deux,

sur des sentiers sableux,
au sommet des falaises.
Pas de béton hideux,
tout paraît chaleureux,
sans heurt et sans malaise.

Le vent toujours présent,
pousse le sable blanc,
sur les dunes herbeuses :
cinglant ou caressant,
hurlant ou murmurant,
puissante symphonie ou charmante berceuse.

D’un bout de l’île à l’autre,
on n’y voit plus l’épeautre.
C’est le règne des landes.
De grands bateaux se vautrent
et côtoient de grands cotres
dont les chaînes se tendent.

Dans cette île, un mystère,
étrangement, s’insère,
au creux de chaque crique.
Je le traque partout. Il se terre
dans les fourrés d’ajoncs ou les grands tas de pierres.
Ma recherche est absurde. J’abdique.

L’île à laquelle j’aspire, en soi est un trésor.
Nul besoin de quêter quelque chose au dehors.
C’est au tréfonds de moi que je trouve,
aussi mystérieuse que la vie et la mort,
cette chose que je désire tellement fort.
Ce grand feu qui m’anime, c’est en moi qu’il couve.

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Mes Îles : je ne renie rien

Je ne renie rien,

ni ce que je suis devenu,
ni ce que, hier, je fus.
Je ne renie rien,
ni mes erreurs, ni mes incertitudes,
ni mes croyances, fruits de mes inquiétudes,
Je ne renie rien,
ni mes parents qui m’ont donné naissance,
eux qui étaient sans gloire et sans puissance,
ni pauvreté qui m’a accompagné
dans mes ardeurs des premières années.

Je ne renie rien,
ni la vie isolée de la ferme paternelle,
îles aux milles trésors, Caraïbes chaudes et belles,
ni le travail des champs, par beau ou mauvais temps,
lui qui donne des cals, même aux mains des enfants.

Je ne renie rien,
ni les mille voyages, fruits de mon imagination,
que j’ai fait, dans mes îles, avec fougue et passion,
ni le chemin de l’école, loin du toit familial,
où nous traversions torrents en crue et montagnes glaciales.

Je ne renie rien,
ni les bateaux pirates, que nous avions construits
et qui coulaient à pic ; les bois étaient pourris,
ni les fagots de ronces, qui écorchaient les mains,
mais qui chauffaient le four où cuit un si bon pain.

Je ne renie rien,
ni mes rêves des îles aux lointaines Vahinés,
aux rondeurs des seins nus, je voulais admirer toutes leurs nudités,
ni mon départ, gamin, ardente vocation
pour aller prédiquer les païennes nations.

Je ne renie rien,
ni séminaires, grands ou petits ou noviciat,
je voulais être Père et me voilà papa,
ni les études de grec, de latin ou de caté,
j’ai tout appris pour aboutir athée.

Je ne renie rien,
ni la fille rencontrée, auprès du feu de camp,
nouvelle Ève rêvée, nouveau rêve d’enfant,
ni mon trop grand empressement
à découvrir la vie et ses envoûtements.

Je ne renie rien,
ni l’une et l’autre enfant,
fruits attendus de nos accouplements,
ni le dernier, tellement désiré,
que malgré tout, nous avons adopté.

Je ne renie rien,
ni mon manque d’amour, égoïste et aveugle,
qui jaillit en colère, soupe au lait, coup de gueule,
ni mon atroce haine, immense et insatiable,
de la bêtise humaine, tare incommensurable.

Je ne renie rien,
ni mes passions mesquines,
qu’elles soient coquines, rouquines, taquines ou assassines,
ni mes absences courant d’air
qui m’ont fait oublié, parfois, que j’étais père.

Je ne renie rien,
ni le temps que, trop souvent, j’ai volé
à l’amour de ma femme esseulée,
ni celui, si précieux et à jamais perdu,
que j’aurai pu donné.
C’était hier, il ne reviendra plus !

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Mes Îles : Aveu

Mes îles se dérobent à moi,

comme un sol mouvant sous mes pas.
Elles sont là, je les sens, je les veux,
Mais que signifie donc cet aveu.
Pourquoi ce désir de solitude ?
Ma peur vient zébrer mes certitudes.
Au plus profond de moi,
j’entends une petite voix
qui me dit de penser
égoïstement et de me retirer
sur une île déserte
telle une femme offerte.
Je la veux, généreuse,
accueillante et heureuse,
des fruits jumeaux suspendus
à ses troncs harmonieux et ventrus.
Un nectar y coule à plaisir
pour étancher ma soif et mon désir.
Et cette source même
Est à la fois pierre et poème.
Son eau est claire, limpide,
Lumineuse, translucide,
fraîche et vive comme l’anguille.
Elle est la mère, elle est la fille.
Elle s’installe en mon être
Et par elle je sens naître
De mon pauvre quotidien
Où jamais l’été ne vient,
Mots d’amour et de désir,
Temps des grâces et des sourires,
Envahissement des os et du corps,
Cette envie de petite mort.

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